Une conversation approfondie au sujet du rôle crucial que les conseillers peuvent jouer pour aider les investisseurs à participer à la transition vers la carboneutralité.
Le billet de blogue suivant est un extrait d’un entretien de NEI entre John Bai, chef des placements, et Jamie Bonham, directeur, Engagement auprès des sociétés, à l’approche de la conférence sur les changements climatiques (COP26). Ils discutent ici du rôle crucial que les conseillers peuvent jouer pour aider les investisseurs à participer à la transition vers la carboneutralité.
Lisez « Travailler ensemble, aller plus loin », le point de vue de NEI à l’approche de la COP26. Télécharger la version PDF >
JOHN BAI : Approfondissons cette idée de collaboration, au niveau des conseillers et des investisseurs individuels. Parler d’« une seule voix » permet de meilleurs résultats comme vous l’avez dit. Nous avons effectivement besoin des investisseurs individuels et des conseillers, même si leur actif sous gestion peut paraitre modeste à la lumière de l’immensité de la tâche. Ils ne se rendent effectivement pas compte nécessairement de tout le pouvoir dont ils disposent collectivement et du fait qu’ils peuvent réellement susciter le changement.
Le cabinet Deloitte a publié une étude vraiment intéressante intitulée 2021 Climate Check: Business views on environmental sustainability. Parmi les dirigeants interrogés, 80 % ont reconnu qu’ils devaient agir sur le changement climatique. La question reste donc de savoir ce qui peut les pousser à agir davantage. La plupart des répondants ont évoqué une demande des actionnaires. Ce n’est pas l’action croissante de la société ou des employés ni l’intensification des catastrophes climatiques (les réponses arrivées respectivement en deuxième et troisième positions), mais bien la demande des actionnaires. C’est le facteur qui serait le plus susceptible de pousser les dirigeants interrogés à agir.
Notons que les facteurs jugés les moins efficaces apportent également des enseignements. À la fin de la liste figuraient l’action du gouvernement et les amendes, ainsi que la pression de la concurrence. L’élément le moins susceptible de faire agir les dirigeants concernait le boycottage de leur entreprise par les consommateurs. Il s’agit d’une surprise, car à mon avis la plupart des gens imaginent que la façon la plus rapide de pousser une société à changer de comportement consiste à ne plus acheter ses produits. Nous avons pourtant ici la preuve que c’est exactement le contraire qui se passe dans l’esprit des dirigeants d’entreprise. Les Canadiens ont donc bien plus de pouvoir comme investisseurs que comme consommateurs, mais à mon avis la plupart l’ignorent complètement. Un énorme travail d’éducation reste donc à accomplir pour que la population comprenne ses droits en tant qu’actionnaires actifs et la façon de les utiliser pour susciter un changement positif.
Qui va leur apprendre à votre avis? Qui permettra à ces investisseurs individuels de se regrouper pour parler d’« une seule voix »? Les conseillers en sont capables. Ils disposent donc d’une opportunité exceptionnelle qu’ils devraient interpréter, à mon avis, comme la possibilité de mobiliser les capitaux de leurs clients vers des placements qui pourront satisfaire des objectifs communs. Voici quelques propositions : premièrement, recommander des fonds d’investissement gérés par des sociétés de placement qui utilisent leurs droits (comme le vote par procuration) ou s’engagent auprès des sociétés pour avancer plus rapidement vers la carboneutralité; deuxièmement, inciter leurs clients à se tourner vers des fonds d’actions ou de titres à revenu fixe axés sur les solutions climatiques; troisièmement, se doter d’un processus de sélection des placements (pour les conseillers qui gèrent cette étape) en appliquant une optique ESG à toutes les composantes des portefeuilles, qu’il s’agisse de titres ou de fonds. Le changement climatique n’est que l’un des nombreux aspects à prendre en compte. Les conseillers peuvent ainsi ajouter leur clientèle au mouvement ainsi que les courtiers à l’échelle nationale et dans le monde. C’est de cette manière que nous mobilisons les capitaux.
JAMIE BONHAM : J’aimerais insister auprès des conseillers sur l’importance de la transparence. Ils se trouvent effectivement en mesure de parler directement avec leurs clients sur la destination de leurs capitaux et sur l’impact que ceux-ci peuvent avoir, à condition bien sûr d’obtenir cette information auprès de la société de gestion ou des émetteurs eux-mêmes. Les investisseurs le souhaitent ardemment et connaissent de mieux en mieux leurs droits ainsi que le rôle qu’ils peuvent jouer, tenant d’ailleurs à ce qu’on leur communique des résultats. Les firmes de gestion, les conseillers et les sociétés doivent assumer une responsabilité dans la communication aux investisseurs de la part du changement qui leur revient.
Il faut savoir leur parler. Les sociétés et les firmes de gestion expliquent très bien comment elles font une différence, mais les conseillers doivent également dire à leurs clients où partent leurs capitaux et dans quelle mesure ceux-ci font une différence.
Les réussites obtenues dans les engagements auprès des sociétés, l’historique et la justification du vote par procuration et les rapports d’impact permettent aux clients de visualiser le rapport entre la progression de leurs placements et l’avancée de la transition vers un avenir sobre en carbone. C’est un aspect relativement naturel dans la relation entre le conseiller et son client que nous devons à mon avis soutenir, car il représente une composante essentielle de cette grande collaboration dont nous parlions. Plus les investisseurs demandent à ce que leurs capitaux soient investis ici et là, plus nous mobiliserons des montants importants pour soutenir les solutions et non les problèmes.