La fragmentation politique s’accentue à l’échelle mondiale et la volatilité risque de s’intensifier en 2025 et au-delà. Dans ce contexte changeant, l’investissement responsable (IR) est plus crucial que jamais et exige que l’on s’adapte afin de composer avec les changements constants.
Au cours des prochaines décennies, de multiples cycles politiques présenteront à la fois des occasions et des défis. Toutefois, le point clé à retenir pour le secteur demeure clair : vu leur nature à long terme, les activités d’investissement responsable doivent être structurées pour être fructueuses, quel que soit le contexte politique.
Tim Prescott, vice-président principal et chef de la Gestion d’actifs à Placements NEI, voit au-delà de l’agitation à court terme et se concentre sur ce qui compte vraiment. « La question n’est pas de savoir si l’investissement responsable est une bonne ou une mauvaise chose, nous l’avons réglée il y a belle lurette », explique M. Prescott. « Le véritable défi consiste à distinguer le discours politique à court terme des données fondamentales à long terme des entreprises. »
Au-delà des extrêmes : une approche pragmatique de l’IR
Le débat sur l’investissement responsable s’est intensifié, les points de vue se radicalisant des deux côtés. Le programme du nouveau gouvernement américain, les pressions économiques mondiales et l’évolution de la confiance du public ont transformé l’investissement responsable en un champ de bataille. Certaines entités le considèrent comme essentiel pour assurer l’avenir des placements, tandis que d’autres n’y voient qu’une simple distraction politique.
La réalité est toutefois plus nuancée. M. Prescott souligne que la plupart des investisseurs et investisseuses et des conseillers et conseillères se situent quelque part entre les deux extrêmes. « La majeure partie de la population adopte en fait une approche pragmatique de l’investissement responsable », affirme-t-il. « Il n’est pas question de se laisser influencer par des idéologies extrêmes. La plupart des gens veulent simplement prendre des décisions de placement éclairées qui tiennent compte du monde dans lequel nous vivons.»
L’investissement responsable est un cadre qui permet de comprendre comment les entreprises créent de la valeur dans un monde en rapide évolution. La question clé est de savoir comment les gestionnaires d’actifs et les investisseurs et investisseuses peuvent reconnaître une valeur durable à long terme et en tirer parti.
M. Prescott décrit l’état actuel de l’investissement responsable en soulignant ce qui suit : « L’IR se trouve maintenant à la croisée des chemins. Bien que largement acceptée par les gestionnaires d’actifs, la stratégie est maintenant prise entre des manchettes criantes, souvent inutilement politisées, et la nécessité de justifier la rentabilité de ses valeurs fondamentales.
Les entreprises continuent d’élaborer des plans de développement durable, de renforcer leur gouvernance et leur diversité. Que les manchettes le soulignent ou non, ces choses se produisent déjà », affirme M. Prescott. « Il ne s’agit pas de faire de la démagogie, mais de reconnaître la résilience et les occasions d’affaires. »
L’IR comme impératif d’affaires, et non comme une case à cocher
Depuis des années, NEI intègre les principes de l’investissement responsable non pas comme une stratégie de marketing, mais comme un élément de base de l’analyse des placements. C’est toujours le cas. Ce qui a changé, c’est la reconnaissance que les entreprises dotées de solides facteurs ESG fondamentaux ne font plus figure d’exception, elles deviennent la norme. La question est la suivante : quelles entreprises mettent en œuvre ces stratégies d’une manière qui favorise la réussite à long terme?
Un élément clé de l’approche de NEI consiste à aller au-delà des mesures superficielles pour découvrir un potentiel de placement plus important. M. Prescott donne l’exemple du Fonds d’entreprises chefs de file mondiales NEI.
« Ce fonds est le premier sur le marché à intégrer les tendances socioéconomiques et à mettre l’accent sur la culture d’entreprise afin de repérer les occasions inexploitées », affirme-t-il. « Pour atteindre ce niveau de compréhension, il faut pousser l’examen bien au-delà des états financiers. Nous examinons le fonctionnement d’unesociété, sa gestion du changement et la façon dont sa culture stimule la performance. »
Occasions liées aux tendances à long terme : diversifiées et toujours plus nombreuses
Vecteurs économiques |
Contexte |
Occasion de placement |
Vieillissement de la population dans les pays développés |
Les dépenses des personnes âgées1 passeraient de 8 700 G$ en 2020 à 15 000 G$ d’ici 20302 |
Mieux-être |
Hausse de la prévalence des maladies chroniques |
On estime que le pourcentage des personnes de 50 ans et plus présentant au moins une maladie chronique augmentera de 99,5 % d’ici 20503 |
Innovation en santé |
Augmentation de la richesse des moins nantis |
Sous l’effet de la forte hausse de la population et de la croissance du PIB des marchés émergents, quelque 3 milliards de personnes devraient s’ajouter aux 4,9 milliards qui composent la classe moyenne mondiale d’ici 20304 |
Accès aux services financiers |
Technologies transformatrices |
3,2 milliards de personnes vivent dans une région couverte par des réseaux mobiles à large bande, mais n’utilisent pas l’Internet mobile5 |
Connectivité équitable |
Urbanisation |
La moitié de la population mondiale vit déjà en milieu urbain et d’ici 2050, ce devrait être les deux tiers6 |
Infrastructures communautaires |
IA et automatisation |
D’ici 2025, l’IA et l’automatisation auront eu raison d’environ 75 millions d’emplois, mais elles en auront créé quelque 133 millions d’autres nécessitant des compétences et une formation plus poussées7 |
Études et emplois |
[1] Personnes de 65 ans et plus.
[4] Barclays Private Bank, « See beyond: thematic investing », août 2020.
[5] « 2022 Mobile Industry Impact Report: Sustainable Development Goals », GSMA, septembre 2022.
[6] Hannah Ritchie et Max Roser, « Urbanization », 2018. publié sur le site OurWorldInData.org.
[7] The Future of Jobs Report 2023, Forum économique mondial, avril 2023.
Il ne s’agit pas d’investir passivement.Il s’agit de faire des choix tangibles et de créer un système de résultats axés sur l’action qui trouve un équilibre entre les principes et la performance. M. Prescott précise que NEI cherche à combler l’écart entre les valeurs intangibles et les résultats concrets, en s’appuyant sur des exemples comme son Fonds leaders en environnement NEI pour montrer les progrès graduels qui produisent des rendements importants. « Nous sommes passés d’une pondération excessive des valeurs à un juste milieu naturel, où l’action ne nuit pas au résultat, mais le renforce », ajoute M. Prescott.
De récentes faillites d’entreprises ont souligné les répercussions financières d’une mauvaise gouvernance. Les amendes réglementaires atteignant le milliard de dollars, la mauvaise gestion environnementale et les atteintes à la réputation ne sont pas des risques abstraits; elles ont de réelles conséquences financières.
« Une gouvernance solide n’est pas un enjeu lié aux facteurs ESG », ajoute M. Prescott. « C’est un impératif financier. Les entreprises qui font fi de la gouvernance risquent de prendre du retard, et les investisseurs et investisseuses qui les imitent risquent de rater des signaux d’alarme majeurs. »
Le pouvoir des progrès graduels
L’une des plus grandes idées fausses à propos de l’investissement responsable est l’attente de perfection. Les voix qui critiquent les placements ESG prétendent souvent que si une entreprise n’est pas parfaitement durable, il ne faut pas envisager d’y investir. Or investir n’a jamais eu quoi que ce soit à voir avec la perfection : c’est plutôt une question de progrès.
Les changements graduels, lorsqu’ils sont appliqués de façon uniforme au fil du temps, créent une valeur durable. Qu’il s’agisse d’améliorer la transparence de la chaîne d’approvisionnement, d’accroître la diversité du conseil d’administration ou de réduire l’empreinte carbone, de petits changements se traduisent finalement par d’importants avantages.
C’est justement là où l’approche de NEI se démarque. Plutôt que de suivre les tendances ou de réagir aux manchettes, l’entreprise se concentre sur la découverte d’occasions insoupçonnées, des éléments fondamentaux souvent négligés qui stimulent la performance à long terme.
« Il n’est pas nécessaire d’être parfait pour produire de la valeur », affirme M. Prescott. « Les gens s’attendent à ce que les facteurs ESG soient une approche tout ou rien, mais ce n’est pas ainsi que les affaires fonctionnent. Il s’agit d’apporter de petits changements significatifs qui s’accumulent au fil du temps. »
M. Prescott explique que même si le changement graduel peut sembler mineur, il entraîne d’importantes transformations au fil du temps. En se concentrant sur la pensée systémique, où les inefficiences des marchés sont transformées en occasions, l’équipe de NEI améliore progressivement les modèles.
« Toutefois, les entreprises doivent laisser de la place à l’innovation audacieuse et à la créativité », souligne également M. Prescott. « Bien que les progrès graduels jettent les bases, les périodes de souplesse et d’agilité vous aident à reconnaître les occasions insoupçonnées. »
Un autre facteur de différenciation clé de la stratégie de NEI est sa capacité à tirer parti de l’expertise mondiale. L’entreprise ne se fie pas uniquement à ses propres analyses internes; elle mise sur un réseau mondial de sous-conseillers qui exploitent des points de vue variés.
Cette approche collaborative permet à NEI de repérer les pratiques exemplaires de gestionnaires d’actifs dans différents marchés et secteurs. En tirant des leçons de diverses entités, l’entreprise affine continuellement ses modèles de placement, et s’assure de garder une longueur d’avance sur les tendances émergentes plutôt que de simplement y réagir.
« Nous observons les meilleurs et les pires gestionnaires d’actifs mondiaux », explique M. Prescott. « Nous tirons des leçons de leurs réussites et de leurs échecs. C’est un avantage dont peu d’entreprises disposent. »
Perspectives : l’avenir de l’IR
L’investissement responsable n’estplus un concept spécialisé. À l’instar de la technologie, qui a fait ses débuts comme secteur distinct, mais qui est maintenant intégrée à tous les aspects des affaires, l’investissement responsable devient un élément fondamental de l’analyse des placements.
Il y a quelques années, le terme « IA responsable » existait à peine. Aujourd’hui, il s’agit d’une priorité pour les sociétés technologiques, les organismes de réglementation et les investisseurs et investisseuses. Comme le souligne M. Prescott, « notre travail consiste à découvrir les meilleures occasions dans ce segment avant que le marché ne rattrape son retard. »
Il ne s’agit pas de choisir entre la performance et l’objectif. Il s’agit de reconnaître que les deux sont inextricablement liés. L’investissement responsable n’est pas une proposition qui oblige à choisir, mais bien une occasion de combiner.